On a beaucoup parlé de SOPA, PIPA et d'ACTA, trois textes qui semblent pour le moment destinés à rester ou retourner dans leur poubelles respectives, mais d'autres ayant-droits continuent d'essayer de perpértuer leur modèle périmé et confiscatoire.
Avant d'aller plus loin, une devinette: savez-vous comment les chercheurs publient leurs travaux? Pas dans dans les journaux ni les magazines de vulgarisation. Il existe en fait des milliers de périodiques plus ou moins spécialisés qui éditent les articles décrivant les recherches conduites dans les laboratoires. Ces périodiques ont en commun un système de co-optation appelé "comité de lecture" ou "peer-reviewing". Cela veut dire que les articles sont examinés par des spécialistes ("referees"), eux-même scientifiques ("peers"), avant d'être accepté (ou pas) pour publication. Il est important de noter ici que ni les auteurs, ni surtout les referees ne sont rémunérés directement pour ce travail.
Les articles retenu sont donc publiés dans le périodique auquel ils ont été soumis. Et qui a donc un éditeur.
Là, vous devriez voir où ce bla-bla se dirige.
Le rôle historique de l'éditeur est de mettre en forme et de répandre l'information scientifique. On comprend aisément la relation quais-symbiotique qui existe entre la communauté scientifique et les éditeurs. Ils en existent un certain nombre, récents ou anciens, privés ou publics, à but commercial ou non. L'une des plus grosses compagnies du secteurs est Elsevier. Elsevier édite des poids lourds comme Cell, Current Biology, la série des Current Opinion in... ou encore The Lancet.
Un problème récurrent de ce modèle est l'accès à cette information. Comme on l'a vu, la distribution de ces résultats passe par les éditeurs. Mais comme la recherche académique est majoritairement conduite sur des fonds publics, on s'attendrait à ce que ses résultats soient aussi facilement disponible que possible. Du temps des journaux "papiers", le rôle de l'éditeur était incontestable, mais avec la révolution numérique, la duplication/distribution de contenu est devenue triviale (voire accessoire), remettant en question la pertinence de cet intermédiaire qu'est l'éditeur. Poussé par la communauté scientifique et de nouveaux entrants comme Public Library of Science (PLoS), les éditeurs traditionnels ont été contraint d'assouplir leurs conditions et de mettre à disposition en-ligne gratuitement le contenu de leurs journaux, généralement après un petit délai. Ce compromis permet aux éditeurs de continuer à facturer leurs abonnés pour un accès immédiat. Récemment, une énième proposition de loi étudiée par le congrès américain (Research Works Act) visait à modifier les conditions de mise-à-disposition des articles, notamment en requérant le consentement de toutes les parties (auteurs, institutions et... éditeurs). Eviidemment, si on demande à l'éditeur s'il est d'accord pour mettre en ligne gratuitement (souvent à ses frais) un article, on s'imagine qu'il va traîner les pieds.
Elsevier, donc, a décidé de supporter le texte en catimini, à travers un soutien financier à un membre du congrès. Une fois démasqué, la société a expliqué sa position en publiant un billet. Toutefois, loin d'apaiser les esprits, ceci à conduit à un appel au boycott de l'éditeur, qui a décidé ensuite de retirer son soutien à la loi, une décision partagée par les deux sponsors de cette loi au congrès. Mais, d'après eux, le boycott n'y est pour rien.
Plus ça change, plus c'est la même chose...
Crédit à Giulia Forsythe pour l'illustration.
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