vendredi 24 février 2012

The Wire saison 1


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The Wire est une série policière très inhabituelle. Pas de flash, pas de bling-bling, pas de cow-boy ni d'"expert" hi-tech. Pas de super enquêtes bouclées en 45 minutes avec un méchant-pas-beau au placard. A la place, on suit la longue et minutieuse investigation d'une cellule spéciale de la police de Baltimore sur le gang Barksdale, qui contrôle une grande partie du trafic de drogue de la ville. Présentée ainsi, la série parait austère, ennuyeuse même. Et si elle revendique cette austérité, s'attachant à être réaliste et fouillée, elle parvient sans peine à captiver son audience grâce à sa complexité narrative et à la profondeur de ses nombreux personnages.

On suit en parallèle les enquêteurs, un petit groupe de détectives détachés de leurs départements respectifs et les membres du gang. A cela s'ajoute les interactions entre les policiers eux-mêmes, pas mal de tensions étant causées par la nature même de l'enquête: la hiérarchie n'en veut pas. Imposée à la police de Baltimore par un juge, lui-même informé du problème Barksdale par un inspecteur fout-la-merde, Jimmy McNulty, dans le dos de ses supérieurs, elle n'était pas censée réussir ni même durer. D'ou un assemblage hétéroclite de personnalités, à commencer par le difficile McNulty: des policiers pas forcément convaincus, des j'men foutistes, des incompétents ou mis-au-placard, le tout sous la houlette d'un lieutenant carrièriste. Au fur et à mesure, en faisant ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, les membres les plus motivés, McNulty et une détective des stups, Kima Greggs, parviennent à former un groupe fonctionnel, mais sans triomphalisme. La menace hiérarchique plane en permanence, soulignant régulièrement au mieux l'inefficacité, au pire la corruption de l'organisation.
Les portraits des criminels sont eux-aussi tout en finesse. Tout un pan de l'empire Barksdale se dévoile, du sommet représenté par Avon Barksdale et son lieutenant Stringer Bell jusqu'au petites mains, des ados qui travaillent à distribuer la drogue dans les quartiers pauvres sous les ordres de D'Angelo Barksdale, le neuveu du boss. Leurs méthodes, ressources, plans et objectifs apparaissent peu-à-peu aux policiers. Leurs problèmes aussi: compétition, tensions internes et la violence omniprésente. Ces gangsters peuvent se conduire comme des monstres sans âme, mais aussi montrer beaucoup de fragilité ou de doutes, renforçant l'ambiguité qui investie toute la série.
Au fil des mois, les preuves s'accumulent doucement, chaque nouveau détail représentant une petite victoire. En même temps, les conflits entre les policiers, leur hiérarchie et le bureau du procureur s'intensifient, mettant en péril l'enquête et parfois les policiers eux-mêmes.

L'enquête et les histoires de chacun des personnages évoluent et se terminent de manière attendue et crédible, pas forcément très bien, mais sans mélodramatisme. Comme toujours, The Wire excelle à maintenir une continuité dans le ton et le réalisme, refusant toujours la facilité. C'est sans doute là que réside la clé de son succès: ne pas prendre le spectateur pour un idiot. The Wire est une série exigeante qui récompense l'attention et la patience. Fans d'action sans cervelle, passez votre chemin. Amateurs de narratifs complexes, consacrez 13 heures de votre vie à Jimmy McNulty, vous ne le regretterez pas.

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